Podstrony
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l intérieur, cette vérification n aurait pas été praticable, puisqu il eût fallu déplacer la cargaison. Mais, ce qui ne pouvait faire l objet d un doute, c est que les deux boulets avaient traversé le bordage et s étaient logés dans la cale. Le canot fut donc amené, tandis que le Carcante mettait en panne et ne subissait plus que l effet de la marée descendante. Kongre et le charpentier descendirent dans le canot, examinèrent la coque afin de s assurer si l avarie pouvait être réparée sur place. Ils reconnurent que deux boulets de quatre avaient atteint la goélette et percé le bordage de part en part. Heureusement les oeuvres vives étaient épargnées. Les deux trous se trouvaient à la naissance du doublage et juste à la ligne de flottaison. Quelques centimètres plus bas, il se fût déclaré une voie d eau que l équipage n aurait peut-être pas eu le temps d aveugler. La cale aurait certainement rempli, et le Carcante se fût englouti à l entrée de la baie. 161 Sans doute, Kongre et ses compagnons auraient pu gagner la rive dans le canot, mais la goélette eût été entièrement perdue. En somme, l avarie ne devait pas être d une extrême gravité, mais elle empêchait assurément le Carcante de s aventurer plus au large. À la moindre bande qu il donnerait sur bâbord, l eau pénétrerait à l intérieur. Il importait donc que les deux trous faits par les projectiles fussent bouchés avant de continuer la route. « Mais quel est le gueux qui nous a envoyé cela? ne cessait de répéter Carcante. Peut-être ce gardien qui nous a échappé!... répondit Vargas. Et peut-être aussi quelque survivant du Century que ce gardien aura sauvé. Car, enfin, pour envoyer des boulets, il faut un canon, et ce canon n est pas tombé de la lune. Évidemment, approuva Carcante. Nul doute qu il ne provienne du trois-mâts. Il est bien fâcheux que nous ne l ayons point trouvé parmi les épaves. Il ne s agit pas de tout cela, interrompit brusquement Kongre, mais de se réparer le plus vite possible! » En effet, ce n était pas le cas de discuter sur les circonstances de l attaque contre la goélette, mais de procéder aux réparations nécessaires. On pouvait à la rigueur la conduire près de la rive opposée de la baie à la pointe Diegos. Une heure y suffirait. Mais, en cet endroit, elle eût été trop exposée aux vents du large, et, jusqu à la pointe Several, la côte n offrait aucun abri. Au premier mauvais temps, elle se fût brisée sur les récifs. Kongre se résolut donc à revenir le soir même au fond 162 de la baie d Elgor où le travail pourrait être fait en toute sécurité et aussi rapidement que possible. Mais, en ce moment, la marée descendait, et la goélette n eût point gagné contre le jusant. Force était donc d attendre le flot, qui ne se ferait pas sentir avant trois heures. Or, le Carcante commençait à rouler assez vivement sous l action de la houle, et, avec la dérive, il eût été entraîné jusqu à la pointe Several en risquant de remplir. Déjà, on entendait le bruit de l eau qui se précipitait par les trous de la coque à chaque coup de roulis plus accentué. Kongre dut se résigner à jeter l ancre à quelques encablures de la pointe Diegos. La situation était, en somme, assez inquiétante. La nuit venait, et bientôt l obscurité serait profonde. Il faudrait toute la connaissance que Kongre avait de ces parages pour ne point s échouer sur l un des nombreux récifs défendant l accès de la côte. Enfin, vers dix heures, le flot arriva. L ancre fut ramenée à bord, et, avant minuit, le Carcante, non sans avoir couru maints dangers, était de retour à son ancien mouillage dans la crique de la baie d Elgor. 163 Chapitre XIII Pendant trois jours À quel degré d exaspération étaient parvenus Kongre, Carcante et les autres, on l imaginera sans peine. Au moment même où ils allaient définitivement quitter l île, un dernier obstacle les avait arrêtés!... Et, dans quatre ou cinq jours, moins peut-être, l aviso pouvait se présenter à l ouvert de la baie d Elgor!... Assurément, si les avaries de la goélette avaient été moins graves, Kongre n eût pas hésité à prendre un autre mouillage. Il serait allé, par exemple, se réfugier dans le havre Saint-Jean, qui, au revers même du cap, se creuse profondément dans la côte septentrionale de l île. Mais, dans l état actuel du bâtiment, c eût été folie que de vouloir entreprendre une telle traversée. On aurait été par le fond avant d arriver à la hauteur de la pointe. Dans la partie du parcours qu on eût été contraint de faire vent arrière, la goélette n aurait pas tardé à remplir en roulant d un bord sur l autre. À tout le moins, sa cargaison aurait été irrémédiablement perdue. Le retour à la crique du phare s imposait donc, et Kongre avait sagement fait de s y résigner. Pendant cette nuit, où l on ne dormit guère à bord, les hommes durent faire le quart et s astreindre à une surveillance de tous les instants. Savait-on si une nouvelle attaque ne se produirait pas?... Savait-on si une troupe 164 nombreuse, supérieure à la bande de Kongre, n avait pas récemment débarqué sur quelque autre point de l île?... Savait-on si la présence de cette bande de pirates n était pas enfin connue à Buenos-Ayres, et si le Gouvernement argentin ne cherchait pas à la détruire? Assis à l arrière, Kongre et Carcante causaient de tout cela, ou plutôt le second parlait seul, car Kongre était trop absorbé pour lui répondre autrement que par de brèves paroles. C est Carcante qui avait d abord émis cette hypothèse : la descente sur l Île des États de soldats envoyés à la poursuite de Kongre et de ses compagnons. Mais, en admettant qu on n eût pas eu connaissance de son débarquement, ce n est pas ainsi qu une troupe régulière eût procédé. Elle aurait attaqué franchement la place, ou bien, si le temps d agir ainsi lui eût
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