Podstrony
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112 voir prendre part. Peine inutile ! Le 23 août arriva, sans que le phénomène eût daigné apparaître. Alors, cette fantaisie devint une idée fixe, qui ne laissa plus place à aucune autre. Cela tournait à l état d obsession. On en rêvait nuit et jour, à faire craindre quelque nouveau genre de monomanie, à une époque où il n y a plus à les compter. Sous cette contention d esprit, les couleurs se transformaient en une couleur unique : le ciel bleu était vert, les routes étaient vertes, les grèves étaient vertes, les roches étaient vertes, l eau et le vin étaient verts comme de l absinthe. Les frères Melvill s imaginaient être vêtus de vert et se prenaient pour deux grands perroquets, qui prenaient du tabac vert dans une taba- tière verte ! En un mot, c était la folie du vert ! Tous étaient frappés d une sorte de daltonisme, et les professeurs d oculistique auraient eu là de quoi publier d intéressants mé- moires dans leurs revues d ophtalmologie. Cela ne pouvait durer plus longtemps. Heureusement, Olivier Sinclair eut une idée. « Miss Campbell, dit-il ce jour-là, et vous, messieurs Mel- vill, il me semble que, tout bien considéré, nous sommes fort mal à Oban pour observer le phénomène en question. Et à qui la faute ? répondit Miss Campbell, en regardant bien en face les deux coupables qui baissèrent la tête. Ici, pas d horizon de mer ! reprit le jeune peintre. De là, obligation d aller en chercher un jusqu à l île Seil, au risque de ne point s y trouver au moment où il y faudrait être ! C est évident ! répondit Miss Campbell. En vérité, je ne sais pas pourquoi mes oncles ont été choisir précisément cet horrible endroit pour notre expérience ! 113 Chère Helena ! répondit le frère Sam, ne sachant trop que dire, nous avions pensé& Oui& pensé& la même chose& ajouta le frère Sib, pour lui venir en aide. Que le soleil ne dédaignait pas de se coucher chaque soir sur l horizon d Oban& Puisque Oban est situé au bord de la mer ! Et vous aviez mal pensé, mes oncles, répondit Miss Campbell, très mal pensé, puisqu il ne s y couche pas ! En effet, reprit le frère Sam. Il y a ces malencontreuses îles, qui nous cachent la vue du large ! Vous n avez pas, sans doute, la prétention de les faire sauter ?& demanda Miss Campbell. Ce serait déjà fait, si c était possible, répondit le frère Sib d un ton décidé. Nous ne pouvons pourtant pas aller camper sur l île Seil ! fit observer le frère Sam. Et pourquoi pas ? Chère Helena, si tu le veux absolument& Absolument. Partons donc ! » répondirent le frère Sib et le frère Sam d un ton résigné. 114 Et ces deux êtres, si soumis, se déclarèrent prêts à quitter immédiatement Oban. Olivier Sinclair intervint. « Miss Campbell, dit-il, pour peu que vous le vouliez bien, je pense qu il y aurait mieux à faire que d aller s installer sur l île Seil. Parlez, monsieur Sinclair, et si votre avis est meilleur, mes oncles ne se refuseront pas à le suivre ! » Les frères Melvill s inclinèrent par un mouvement d automates tellement identique, que jamais peut-être ils ne s étaient plus ressemblés. « L île Seil, reprit Olivier Sinclair, n est vraiment pas faite pour que l on puisse y demeurer, ne fût-ce que quelques jours. Si vous avez à exercer votre patience, Miss Campbell, il ne faut point que ce soit au détriment de votre bien-être. J ai observé d ailleurs qu à Seil la vue de la mer est assez bornée par la confi- guration des côtes. Si, par malheur, il nous fallait attendre plus longtemps que nous ne le pensons, si notre séjour devait s y prolonger pendant quelques semaines, il pourrait arriver que le soleil, qui rétrograde maintenant vers l ouest, finît par se cou- cher derrière l île Colonsay, ou l île Oronsay, ou même la grande Islay, et notre observation manquerait encore, faute d un hori- zon suffisant. En vérité, répondit Miss Campbell, ce serait là le dernier coup de la mauvaise fortune& Que nous pouvons peut-être éviter en cherchant une sta- tion située plus en dehors de cet archipel des Hébrides, et de- vant laquelle s ouvre tout l infini de l Atlantique. 115 En connaîtriez-vous une, monsieur Sinclair ? » demanda vivement Miss Campbell. Les frères Melvill étaient attachés aux lèvres du jeune homme. Qu allait-il répondre ? Où diable la fantaisie de leur nièce allait-elle finalement les entraîner ? Sur quelle limite ex- trême des continents de l ancien monde devraient-ils se fixer pour satisfaire à son désir ? La réponse d Olivier Sinclair eut pour effet de les rassurer tout d abord. « Miss Campbell, dit-il, non loin d ici, il y a une station, qui
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